Un médecin et un ambulancier qui travaillaient au SAMU du CHU Gabriel Montpied se sont donnés la mort à quelques jours d’intervalle. Des drames qui ont poussé leurs collègues à réagir.
Ils ont choisi de parler en premier à France Bleu Pays d’Auvergne parce qu’un de nos journalistes avait été le témoin, lors d’un reportage il y a huit mois, d’une altercation entre l’ambulancier qui s’est donné la mort et son supérieur. Cette altercation avait valu trois jours de mise à pied à l’ambulancier, ce qu’il avait vécu comme une injustice au bout de 32 ans de service. Un fait parmi d’autres, preuve d’une atmosphère détériorée au sein du SAMU selon les personnels qui ont témoigné
Ils sont venus à cinq pour témoigner de ce climat qui s’est dégradé, bien avant la crise sanitaire. Infirmiers, ambulanciers, médecins, ils sont solidaires pour dénoncer les injustices dont ont été victimes leurs collègues. Le médecin dont le bureau a été vidé en son absence, l’ambulancier en burn out après sa mise à pied et qu’ils ont vu décliner jusqu’au drame.
Ils racontent ces deux piliers du service, qui avaient de longues années d’expérience mais qui n’ont pas pu résister à ces changements à marche forcée. Ils parlent d’autres collègues qui sont eux aussi en souffrance, certains en arrêt. Ils rappellent les alertes de la médecine du travail, alertes nominatives ou bien concernant l’ensemble du service, qui selon eux n’ont pas été prises en considération.
« Que ça s’arrête »
Après ces deux suicides, ils ont donc décidé de prendre la parole. Ils demandent des solutions pour que cela s’arrête. Ils ne veulent pas revivre d’autres drames et demandent l’arrêt des pressions qui existent depuis longtemps. Ils citent l’exemple des ambulanciers en conflit depuis de longs mois après une réorganisation de leur travail.
Le Directeur Général du CHU a réagi hier soir dans un communiqué. Didier Hoeltgen rappelle qu’un soutien psychologique, assuré par le Service de Santé au Travail, a été mis en place, qu’un CHSCT extraordinaire a été organisé la semaine dernière. Enfin il ajoute que: « le temps actuel est celui du deuil mais, la direction restera attentive dans la durée au suivi et à la compréhension de cet événement tragique qui affecte l’ensemble de l’établissement, et toute la communauté hospitalière ».
La Montagne le 28/05/2020
Santé
Malaise au CHU de Clermont-Ferrand après deux suicides de professionnels de santé au mois de mai
Une femme médecin et un ambulancier qui travaillaient au Samu du CHU Gabriel-Montpied de Clermont-Ferrand se sont donnés la mort à leur domicile au mois de mai, à quelques jours d’intervalle, comme l’ont annoncé nos confrères de France Bleu Pays d’Auvergne.
Deux drames qui inquiètent les syndicats : «Entre les réorganisations et les objectifs de mutualisation, les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. Il ne faut pas oublier qu’avant la crise sanitaire, le Samu était en grève depuis plus d’un an», explique la secrétaire de FO. Des tensions, des pressions qui peuvent pour les syndicats être des « facteurs favorisants le passage à l’acte ».
« Le psychologue du travail du CHU a dressé un rapport alarmant le 11 juillet 2019. En mai dernier, la médecine du travail s’est déclarée inquiète pour les agents du service. Je ne pense pas que deux personnes d’un même service qui se donnent la mort soit pas le fruit du hasard », estime le représentant syndical CGT au CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). « Les réorganisation sans fin et les dégradation des conditions de travail sont autant de d’éléments qui démultiplient les situations de conflit ou de souffrance au travail », poursuit le représentant CGT.
CHSCT extraordinaire organisé
De fait, à la demande des représentants du personnel, un CHSCT extraordinaire a été organisé le 20 mai au CHU de Clermont.
Dans un communiqué, l’équipe de direction et la communauté médicale expliquent qu’ils ont « appris, avec tristesse, le décès d’un conducteur ambulancier au Smur du CHU depuis plus de 30 ans . Un courrier de solidarité, face à cette épreuve, a été adressé à la famille au nom de l’ensemble de la communauté hospitalière ».
Une cellule d’urgence psychologique mise en place
Afin de soutenir l’équipe après une première intervention de la cellule d’urgence médico-psychologique, un soutien psychologique assuré par le Service de santé au travail a été mis en place.
« Le temps actuel est celui du deuil mais nous restons attentifs dans la durée au suivi et à la compréhension de cet événement tragique qui affecte l’ensemble de l’établissement, et toute la communauté hospitalière », poursuit l’équipe de direction.
Franck Charvais
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