
Sous le soleil, les merguez fument sur les grill installés devant la blanchisserie. Il est midi et une vingtaine de salarié.e.s viennent grignoter et discuter avec les collègues. Philippe, 38 ans de boite, en est à sa quatrième, et celle-ci est une des plus sévères. Cela fait trois semaines que ça dure.
3 revendications au coeur de la grève
En effet, parmi les 65 employé.e.s de la blanchisserie, 7 sont en mensualités de remplacement et pourraient prétendre, selon les statuts, à une titularisation depuis 4 ou 5 ans. En effet, ils sont positionnés sur des postes budgétisés. Leur titularisation pourrait leur permettre de bénéficier de leur prime de fin d’année équivalente à un SMIC, aux cotisations à la caisse de retraite du service public, et à la sécurité de l’emploi. Leur changement de statut leur permettrait aussi de bénéficier d’un départ à la retraite à 59 ans en tant que carrière longue.
Titularisation et ESAT
Xavier, en poste depuis 9 ans et représentant CGT rajoute : « Ca c’est notre première revendication. que l’on titularise nos 7 collègues. Mais, nous voulons aussi des explications quant au statut des travailleurs ESAT. » En effet, depuis novembre, une convention a été signée avec l’ADAPEI. Un ESAT de transition a placé 3 de ses adhérents pour un basculement dans le milieu ordinaire. Pendant 2 ans, ces personnes vont travailler pour la blanchisserie, sous le code des familles. « Ces gens ne bénéficient pas du statut de salarié et on estime qu’il s’agit d’une exploitation car ils prennent un vrai poste. Nous sommes pour l’inclusion mais à la condition que cela ne remplace pas les titulaires et qu’on n’exploite pas les gens. » Explique Xavier.
La CGT aurait fait les calculs : Aucun intérimaire n’a été embauché sur cette année. « Un bénéfice de 13 mille euros sur l’année. » De plus, Xavier et ses collègues estiment que ces personnes devraient être encadrées davantage pour parvenir au bout des deux ans à être embauchées. « Si à la fin du parcours, ces personnes, déjà en difficulté, échouent, alors, que peut-il se passer ? »
Avenir de la blanchisserie
Enfin, un troisième point inquiète les salarié.e.s. « On ne sait pas ce que va devenir la blanchisserie. » A sa construction, un partenariat a été signé avec Daltia, une entreprise d’entretien des machines et locuax.
En février 2026, ce contrat se termine. Un renouvellement des machines est d’ailleurs prévu afin que 21 tonnes de linge soient absorbées, au lieu des 15 tonnes actuelles. Aussi, les salariés s’inquiètent de savoir si des nouvelles embauches sont prévues et quelles seront les nouvelles conditions de travail. « Nous avons la chance de travailler de 7h à 15h du lundi au vendredi. 75% de l’effectif est féminin, majoritairement des mamans. »
Des réponses insuffisantes pour les salariés
Ces trois revendications ont été remontées à la direction qui ont donné leurs explications, mais pas suffisantes selon les salariés. « Ils parlent de restrictions budgétaires. La direction nous explique que l’ESAT ce n’est pas eux et ne savent pas nous répondre sur nos prochaines conditions de travail. »
Pour ce personnel assigné, et obligé de se rendre au travail, la grève peut durer très longtemps. « Même en grève, nous sommes payés et obligés d’être à nos postes. »
Une grève qui impacte peu la direction, si ce n’est un plus faible rendement, au vu du manque de motivation du personnel. « On fait ce qu’on nous demande, pas plus. »
Article: https://mediacoop.fr/12/03/2025/greve-a-la-blanchisserie-du-chu-de-clermont-ferrand/
Article La Montagne le 13 mars 2025