La Montagne
Au CHU de Clermont-Ferrand, l’unité de psychiatrie Rameau sera-t-sauvée par la grève de son personnel ?
À l’issue d’une heure et demie d’entretien avec Didier Hoeltgen, directeur général du CHU de Clermont-Ferrand, le personnel de l’unité Rameau soutenu par les syndicats CGT, FO et Sud a décidé, jeudi 21 octobre, de se mettre en grève illimitée à partir de ce vendredi, 6 heures.
Pas de recrutement faute de candidat
Suite à l’annonce du départ de son médecin référent, ce service spécialisé dans la psychiatrie de la personne âgée devrait fermer ses portes fin décembre. Une décision que la direction générale justifie par « un problème majeur de démographie médicale pour encadrer les prises en charge ».
« La présence médicale n’étant donc à ce jour pas suffisante pour assurer la sécurité et la qualité des soins, les lits d’hospitalisation complète ne pouvaient être maintenus en l’état. »
LA DIRECTION GÉNÉRALE DU CHU DE CLERMONT-FERRAND
Dans un communiqué, elle précise : « Malgré des recherches anticipées, le recrutement d’un psychiatre du sujet âgé n’a pas pu avoir lieu faute de candidature. »
Une fermeture programmée
Depuis le 1er octobre, l’unité Rameau n’enregistre plus aucune entrée et elle a déjà fermé un tiers de ses 21 lits. Fin décembre, elle cessera son activité et sera remplacée à partir du 1er janvier par un hôpital de jour, une équipe territoriale et un pôle de consultations.
Des besoins spécifiques et importants
Pourtant, les besoins restent importants pour une prise en charge spécifique de tous ces patients de plus de 55 ans déments, malades d’Alzheimer, psychotiques, dépressifs, suicidaires, parkinsonniens ou atteints de poly-pathologies. Une prise en charge globale chronophage et peu “rentable” au regard de la tarification à l’acte qui sera appliquée à la psychiatrie à partir de 2022.
« Diminuer l’offre de soin et la prise en charge en hôpital complet dans cette période grande détresse psychologique et d’isolement, notamment pour nos aînés, est inadapté et inacceptable ». CLAIRE (Infirmière dans l’unité Rameau)
« L’utilité de notre service pour la population ne fait aucun doute », clament la vingtaine de soignants qui se sentent actuellement « humiliés, noyés dans un flou total » et plongés dans « une insécurité très anxiogène ».
Une mobilisation qui pourrait faire boule de neige
Pas de quoi, pour autant, démobiliser le personnel et les syndicats qui n’entendent pas baisser les bras. Après avoir alerté leurs collègues d’autres services et des établissements du territoire qui les sollicitent régulièrement pour prendre en charge des patients, ils ont lancé une pétition sur internet et sont désormais en grève illimitée depuis ce vendredi 22 octobre.
Au-delà de la problématique de l’unité Rameau, c’est tout le pôle psychiatrie du CHU qui manque de moyens. Nul doute que la bataille ne fait que commencer pour conserver une offre de soins la plus large possible dans cette spécialité et améliorer les conditions de travail, deux critères d’attractivité qui faciliteraient le recrutement si souvent difficile à l’hôpital public.