Monsieur le Ministre,
C’est avec stupeur et consternation que nous avons appris la décision du Conseil d’État, d’annuler le jugement du Tribunal Administratif de Paris vous enjoignant de réintégrer la CGT dans le comité de suivi du Ségur de la santé, à la suite de votre requête.
Comme vous le dites dans la presse, c’est sûrement parce que « vous avez le souci permanent du dialogue avec les syndicats et les représentants des professionnels » que vous avez saisi le Conseil d’État afin de faire « casser » le jugement du TA, qui relevait « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté syndicale ». Il n’était pas question pour vous de rétablir le droit syndical, qui est un droit démocratique, nous l’avons bien compris : l’important était d’exclure la CGT car elle n’est pas d’accord avec vous.
L’incohérence du Conseil d’État nous saute aux yeux. Alors qu’il avait imposé la réintégration dans le groupe de suivi d’un syndicat de médecins opposé au Ségur, en reconnaissant l’atteinte grave et manifeste à la liberté syndicale, il la refuse à la CGT, premier syndicat dans le secteur de la santé et de l’action sociale quelques semaines plus tard. Cela illustre votre façon de gérer la santé dans notre pays : entre confusion, injonctions paradoxales, impréparation et erreurs manifestes de jugement.
La situation est trop grave pour que l’on se taise. Plus de 50 000 personnes ont perdu la vie. Dans des conditions particulièrement difficiles, nous cadres, avons organisé le travail, l’accueil des patients, la continuité des soins, le management des équipes, souvent au mépris de notre santé, de nos familles et du danger. Les personnels hospitaliers ont vécu la même chose. À ce propos, permettez-nous de souligner l’exemplarité des équipes soignantes, leur courage, leur engagement sans faille malgré la fatigue, le manque de clarté de vos décisions, le manque d’équipement individuel et vos mensonges sur l’inefficacité présumée des masques.