Après 18 jours de grève de la faim, la direction de l’agence régionale de santé a concédé une partie des revendications des personnels du centre hospitalier de Rouvray, près de Rouen. Ceux-ci ont décidé la reprise du travail en assemblée générale, ce vendredi 8 juin.
Le 21 mai dernier, à la veille du début de la mobilisation cheminote, des travailleurs de l’hôpital psychiatrique de Rouvray se sont mis en grève de la faim, revendiquant l’ouverture de postes supplémentaires. Le 8 juin, jour où l’accord a été signé, ce sont 7 personnels qui avaient cessé de s’alimenter. L’agence régionale de santé (ARS) de Normandie a concédé l’embauche de 26 personnes, contre 52 revendiquées par les grévistes. Une demande qui avait déjà été revue considérablement à la baisse face au silence criminel de l’ARS puisque le conflit, débuté le 22 mars, exigeait à la base l’embauche de 197 personnes.
Une demande vitale pour les personnels du centre hospitalier. En effet, l’augmentation de la demande de soins se heurte quotidiennement à la baisse des budgets et à une gestion de plus en plus entrepreneuriale imposée par l’administration, comme dans les hôpitaux (suppression de postes, restrictions budgétaires, tarification à l’acte, etc.). Un manque structurel de moyens humains et matériels qui a des conséquences dramatiques, tant sur les conditions de travail du personnel, que d’accueil des patients. Une question très sensible chez les grévistes, à bout d’être contraints de renier leurs convictions dans le traitement des personnes malades, faute de moyens.
C’est donc suite à un conflit long et héroïque, qui coûta l’hospitalisation de quatre grévistes de la faim, que les personnels réussirent à arracher une concession à l’agence régionale de santé de Normandie, notamment grâce à la médiatisation qu’a connu le conflit. On songera à la grande visibilité de la vidéo de Konbini, visionnée plus de trois millions de fois. Si l’issue est soulageante pour les personnels qui ont voté à la majorité une reprise du travail suite à la proposition de l’ARS, ils ont assuré qu’ils n’en avaient pas fini de se mobiliser pour faire valoir leur droit et celui des patients à la dignité, 26 nouveaux postes étant très loin de répondre aux besoins, non seulement matériels, pour lesquels aucune concession n’a été faite, mais y compris humains.
Comme l’a souligné Bruno, gréviste de la faim : « il faut que ça essaime, que partout les gens refusent de baisser la tête et se fédèrent. Ensemble on peut faire beaucoup de choses ! ». Après le vote en assemblée ratifiant la décision de se réalimenter, le message des slogans et des interventions de personnels auprès des journalistes était on ne peut plus clair : « restons unis, soudés, organisons nous », « c’est pas une fin aujourd’hui c’est qu’un début », « hôpitaux cheminots, même combat ». Cheminots qui étaient par ailleurs venus les soutenir le premier juin, dans une démarche de convergence, nécessaire plus que jamais pour mettre fin à la casse généralisée du service public, et obtenir des moyens à la hauteur des besoins.