Mireille Stivala secrétaire générale de la CGT-Santé

Austérité. « 100000 emplois manquent à l’hôpital public »

 

 

 

 

 

 

Humanité Dimanche le 03 mars 2017

Le 7 mars, les fédérations CGT, FO et Solidaires appellent les agents des trois fonctions publiques (État, hôpitaux, territoriaux) à participer à une journée d’action pour l’emploi et les salaires. La secrétaire générale de la CGT-Santé, Mireille Stivala, revient sur la crise que traverse l’hôpital public et les revendications des personnels.

H.D. Un tract de l’intersyndicale CGT, FO et Solidaires a été édité à destination des patients dans le cadre de la mobilisation du 7 mars. Quel message leur adressez-vous ?

Mireille Stivala. La population doitêtre informée sur la situation de l’hôpital et du secteur de l’action sociale et sur les conséquences de la loi de modernisation de notre système de santé et de la mise en oeuvre des groupements hospitaliers de territoire (GHT). Depuis des années, les hôpitaux sont confrontés aux politiques d’austérité. Les personnels prennent beaucoup sur eux pour maintenir la qualité du service. Mais, aujourd’hui, nous constatons un épuisement professionnel important. L’urgence est de permettre aux salariés de récupérer physiquement et moralement. Les conditions de travail sont à ce point dégradées qu’il devient impossible aux professionnels d’exercer leurs missions en respectant le cadre déontologique de leur métier. Ils sont devenus des producteurs de soins à qui le temps n’est plus donné d’accompagner humainement les patients : les faire attendre sur un brancard des heures durant, la difficulté à leur trouver un lit… tout cela est contraire à l’étique des personnels hospitaliers. À tout moment peut se produire un incident que, jusqu’à présent, le dévouement des personnels a permis d’éviter. Nous sommes au bout d’un système. L’hôpital ne peut pas fonctionner de cette façon éternellement. Des moyens supplémentaires doivent lui être attribués. Il faut en finir avec la tarification à l’acte. La prise en charge des patients ne se résume pas à un soin technique. La dimension humaine et relationnelle doit être prise en compte. Toutes les études le démontrent, mieux un patient est encadré, plus il est entouré, plus le taux de mortalité est réduit et le risque de maladie nosocomiale faible.

H.D. Quelles sont vos revendications ?

M. S Priorité doit être donnée àl’emploi. Il faut lutter contre le recours à l’emploi précaire, qui est de plus en plus important. Selon les établissements, 20 à 60 % des salariés peuvent être concernés. Cela impacte le bon fonctionnement des services ou des établissements car les salariés précaires, surtout quand les contrats sont au jour le jour comme dans l’intérim, ne sont pas forcément au fait de celui-ci et de leurs besoins. Enfin, il est nécessaire d’embaucher massivement pour améliorer les conditions de travail des agents et rendre les 35 heures effectives. Aujourd’hui, elles n’existent que sur le papier. Les RTT et les heures supplémentaires non prises viennent gonfler sans cesse les comptes épargne-temps.

H.D. mbien d’emplois faut-il créer, selon vous ?

M.S. Il faut déjà cesser d’en détruire. Il faut remettre en cause la limitation de la progression de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), qui fut historiquement bas en 2016, à 1,75 %, et en 2017 en légère hausse, mais nettement insuffisant (2,1 %). Sa mise en oeuvre entraînerait la suppression d’au moins 22 000 postes. Rien que pour maintenir le niveau actuel de prise en charge, il faudrait que l’Ondam progresse au minimum de 4 %. Si on additionne les pertes d’emplois liées aux politiques d’austérité et les postes qu’il aurait fallu créer pour permettre une mise en oeuvre correcte des 35 heures, on peut estimer que ce sont 100 000 emplois qui manquent à l’hôpital public.

H.D. Après le 7 mars, envisagez-vous de nouvelles mobilisations ?

M. S. Après les journées d’action du 25 juin et du 8 novembre 2016, le 7 mars 2017 s’inscrit dans la poursuite de la mobilisation nationale. Des conflits, dont certains sont très longs, ont lieu dans de nombreux établissements. Face à cela, le gouvernement ne nous propose que de participer à des groupes de travail pour établir un constat. L ‘heure n’est plus au constat. Celui-ci est connu. L’heure est à prendre des mesures. Si elles ne sont pas prises, alors nous poursuivrons la mobilisation.

 
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